Après un surprenant Brotherhood aux apparences d'Assassin's Creed III plus que de simple Add-on, Ubisoft remet le couvert avec ce nouvel épisode venant conclure la trilogie de l'assassin florentin Ezio Auditore. Son titre "Revelations", est annonciateur du "credo" qu'a suivi la team d'Ubisoft Montréal lors de son développement : laissez le joueur curieux avec plus de réponses que de questions d'un point de vue scénaristique. Le titre compte également apporter certaines nouveautés de Gameplay tant du point de vue du solo que du Multijoueur, un nouveau terrain de jeu : Constantinople, et enfin signé le grand retour du premier assassin qu'il nous a été permit d'incarner : Altaïr. En voulant apporter au joueur sa dose annuelle de sa nouvelle licence phare, Ubisoft a-t-il manqué sa cible ?
Le Charles Manson de la renaissance n'en était pas à son dernier assassinat après la mort de Cesare Borgia. Après avoir retrouver une ancienne missive de son père lui révélant l'existence d'une bibliothèque oubliée à Massyaf (repère des assassins à l'époque d'Altaïr), le maintenant vieux Ezio tente de retrouver les clés scellant l'entrée de cette dernière. Elles ont été dissimulées par Niccolò Polo dans les 4 coins de Constantinople, cadre de cette 3 ème aventure. Cette recherche constitue la quête principal de l'assassin à laquelle va venir se greffer une autre : résoudre les conflits politiques engendré au sein de la ville par les bizantins, qui s'avèrent être en réalité les ennemis héréditaires de son clan : les Templiers. On jongle donc entre deux aventures qui s'entrecroisent par moment.
Quid d'Altaïr ? Et bien chacune des clés contiennent une partie de la mémoire d'Altaïr et permettent de faire la lumière sur la vie de l'illustre Assassin, mémoire que l'ont doit revivre à chaque nouvelle découverte de clé. Malheureusement ces instants sont de très courte durés, d'un intérêt parfois limité, et souvent peu probant au niveau de l'expérience de jeu. Choux blanc donc de ce point de vue là. La recherche de clés se rapproche du mode de fonctionnement des "Tombeaux d'assassins", quête facultative des précédentes moutures, faisant la part belle aux scènes de plateforme. Rien de bien nouveau donc de ce coté-ci, si ce n'est la phase de localisation de l'emplacement des différentes clés, phase d'une simplicité déconcertante qui est en réalité plus motif à mettre en place l' "amourette" entre Ezio et sa nouvelle complice, Sofia. Néanmoins le boucher de Florence comme à son habitude ne peut s'empêcher de s'intéresser aux manoeuvres politiques ayant lieu autour de lui. C'est cette partie de la quête de l'assassin qui va venir lier son histoire à celle avec un grand H. Elle s'avère être malheureusement dépourvu de souffle épique et ne réussi pas là ou tous les autres avait réussi : entrainer le joueur au coeur de l'Histoire et réussir à le faire frissonner de plaisir. Sans doute le scénario pêche de par l'absence d'un grand ennemi charismatique que constitué le pape Alexandre VI (Assassin's Creed II) et Cesare Borgia (Assassin's Creed : Brotherhood). Vous l'aurez compris, le scénario de l'histoire principal ne sert pas le titre comme il le faisait dans les précédents épisodes.
Le Gameplay quant à lui se trouve en partie inchangé, certaines nouveautés viennent par petite touches parfaire le titre, mais aucune ne viennent réellement apporter de réelles innovations comme le faisait Brotherhood. Toutes les inventions de Gameplay apportées par ce dernier se retrouve également dans Revelations, parfois tel quel, ou bien amélioré comme par exemple la confrérie d'Assassins. Le système de combat a été amélioré, les ennemis sont plus tenaces et le titre vient emprunter directement quelques bonnes idées des épisodes Next-Gen de Batman. La disparition des déplacements à cheval est comblée par la "lame-crochet" (seule nouvelle arme d'Ezio) et l'utilisation de tyrolienne. Mais il faut bien avoué qu'on s'en sert très peu et son importation n'est pas d'un intérêt flagrant pour le Gameplay en général, si ce n'est pour les évasions. D'autres nouveautés comme un système de Tower Defense, permettent d'apporter un petit plus au titre, mais elles sont en réalité tout à fait facultative (je n'en ai fait que deux au total durant mon aventure) et peu marquante. Là encore dans ce compartiment du jeu, Revelations échoue là ou Brotherhood avait réussi avec brio et ne marque pas par ses nouveautés. S'il vient parfaire ici ou là quelques phases de Gameplay, il ne vient pas pour autant améliorer les défauts des précédentes moutures et on peut toujours pester contre une I.A absconse, surtout lors des phases d'infiltration.
Graphiquement, le titre reste très proche de Brotherhood et le moteur du jeu est totalement maitrîsé. Constantinople est magnifiquement et fidèlement représenté comme le furent Rome ou Florence. Comme à son habitude, Ubisoft a ici réalisé un travail titanesque et c'est avec un certain plaisir que l'on évolue dans le "carrefour du Monde". Le titre souffre d'alliasing ici où là mais il est malgré tout peu dérangeant (version PS3). Alors, est-ce que ce sont par ses "Revelations" que cet Assassin's Creed trouve son réel intérêt comme pouvait laisser penser les différents interventions des développeurs ? Je vais trancher la question aussi sèchement qu'elle m'est apparu en finissant le titre : non, non et non. La méta-histoire (comprenez l'histoire de Desmond Miles véritable personnage principal du jeu) n'avance que très peu, si ce n'est aux derniers instants du titre, et comme d'accoutumé le joueur reste avec beaucoup plus de questions que de réponse, le laissant en suspens mais contrairement à auparavant, il le sera moins enclin à attendre la suite. Oui toutes les révélations déçoivent et n'en sont pas vraiment. Si Ubisoft a échoué là ou Brotherhood avait brillé, le studio est surtout passé à coté du principal objectif qu'elle s'était fixée, c'est à dire contenter le joueur avide de réponse. Un dernier mot sur le multi-joueur qui a déjà fait ses preuves, toujours aussi efficace il ne constitue néanmoins qu'une simple mis à jour du précédent titre et ne justifie donc pas à lui seul l'achat de cette itération.
Assassin's Creed : Revelations constitue donc la moins marquante des aventures Next-gen de la licence. On suit l'histoire en enchainant les missions mécaniquement et sans ressentir le grand frisson, pour être à la fin déçut par le peu d'évolutions scénaristiques qu'apporte le titre. Si on conserve un plaisir certain à incarner cette machine de guerre qu'est Ezio, c'est l'épisode le moins intéressant de toute la série et où j'ai, personnellement, le moins pris mon « pied ». Aucun élément ne vient justifié son prix de 70 euros si ce n'est pour les fans idolâtrant la licence qui pourront aisément ajouté un point à la note finale. A l'occasion donc.